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L’alcool est un ascenseur qui ne remonte jamais

Il y a plusieurs années, j’ai lu quelque part que l’alcool est comme un ascenseur qui ne remonte jamais. Je trouve cette analogie géniale. Et si cet ascenseur ne remonte jamais, pourquoi attendre d’atteindre les bas-fonds avant de descendre? Les choses ne feront que s’empirer sur la pente glissante de la (sur)consommation. Il y a cette idée généralisée que si l’on ne se réveille pas les yeux gommés sur un banc de parc, il n’y en a pas, de problème. Si on n’a pas besoin d’avaler un shooter de vodka sans nom à la première heure juste pour pouvoir se tirer du lit, tout va bien. Mais en vérité, nul besoin d’être un exemple de l’alcoolique parfait pour souffrir des effets délétères de cette substance addictive. Ça s’appelle la zone grise, et c’est l’espace nébuleux entre un verre de lait de poule à Noël et le chemin du centre de désintoxication le plus proche. C’est là où l’on se trouve quand on s’inquiète de notre consommation, mais qu’on vit normalement. Où l’on réalise que l’alcool nous affecte négativement d’une façon ou d’une autre, et qu’il faut commencer à modérer. J’ai d’ailleurs consacré un article à la zone grise, ici.

Revenons à notre ascenseur! Si vous êtes arrivé·e à la réalisation déconcertante qu’il ne fera que descendre toujours plus bas, aussi bien débarquer maintenant. Certes, la montée de l’escalier pourrait s’avérer longue, pénible et douloureuse par moments. Mais vous l’entamerez sans doute avec tout l’élan et l’enthousiasme d’une jeune antilope bondissant dans la savane! C’est le fameux “nuage rose”, ces premiers temps de sobriété où les derniers effets de l’alcool se sont estompés et vous vous pétez le feu, alternant entre émerveillement et espoir. Cette phase peut durer des semaines, voire des mois, mais elle prendra inévitablement fin. La réalité de la vie quotidienne s’en chargera. Et c’est correct. Si on sait ce qui nous attend, on peut se préparer en conséquence. Prendre les escaliers, ce n’est jamais facile.

À un moment donné, la langue à terre, vous vous exclamerez peut-être « j’en peux plus! », et serez tenté·e de jeter l’éponge et de reprendre l’ascenseur. Vous pouvez. Je l’ai moi-même fait. Si vous essayez de modérer depuis un certain temps, vous avez sans doute répété ce manège plusieurs fois (avec les résultats que l’on sait). Le hic, c’est qu’on retourne toujours au point où l’on avait descendu du foutu ascenseur… si on a de la chance. Habituellement, on finit par se retrouver une couple d’étages plus bas, comme pour s’assurer que les choses ne s’amélioreront vraiment pas.

Alors, on en sort de nouveau, cette fois avec un regard déterminé et un pas résolu qui étaient auparavant absents. On est mieux préparé·e. On a rassemblé les vivres qu’il nous faudra, et on sait où trouver les trucs auxquels on n’aura pas pensé. On peut monter l’escalier une marche à la fois. S’arrêter pour reprendre notre souffle, faire une pause du tourbillon quotidien. Respirer, dormir, retrouver nos forces, vérifier notre kit de survie. Demander de l’aide… et l’accepter. Et lorsqu’on sera prêt·e, on poursuivra notre chemin; le sommet n’est pas loin.

Et la vue d’en haut, mes ami·e·s, est à couper le souffle.