Quand j’ai largué la boisson pour de bon, mon p’tit ventre a commencé à faire des choses bizarres. Outre, bien sûr, le microbiote à l’envers et les carences en vitamines et minéraux, une gracieuseté de M. Rosé. J’ai commencé à remarquer une désagréable sensation tenaillante vers la fin de la journée, une fois le boulot terminé et le souper au four. C’est quoi, ça?

Serait-ce la fameuse anxiété dont tout le monde parle? Je n’aime pas!

Eh oui, je ne m’étais jamais permis de ressentir de l’anxiété. Au premier soupçon d’inconfort, je me versais un verre de quelque chose. Ah, mais là, mon chien était mort! Je n’avais pas le choix de me laisser ressentir cette émotion, alors j’ai décidé d’y appliquer un peu de curiosité. Aujourd’hui, je suis une fan finie de curiosité, mais à l’époque, c’était une idée saugrenue. Mais je devais trouver une nouvelle façon de gérer mon inconfort, les émotions « poches ».

Or, pour y arriver, il fallait commencer par leur donner un nom, pour savoir à quoi exactement j’avais affaire.

Quand j’ai arrêté de boire, il a fallu que je réapprivoise mes sentiments. Que j’apprenne à les nommer de nouveau… ou pour la première fois. Car je ne sais pas pour vous, mais moi, le thème « Les émotions » ne figurait pas en haut de la liste des sujets à l’école! Encore moins « Comment les vivre et les gérer positivement ». Et je crois que c’est un enjeu sociétal qui nous mène, ô combien d’entre nous, droit dans les bras de l’alcool. En diabolisant pratiquement nos émotions (ben voyons, t’es trop sensible, arrête de pleurnicher, etc.), on a fini par éteindre une lueur importante de notre être. Mais cette lueur est tenace. Et quand elle s’enflamme inévitablement, on panique et on se jette sur la première bouteille venue, car c’est la seule méthode d’apaisement qu’on nous a apprise.

Alors, si vous avez arrêté de boire et vous demandez aujourd’hui c’est quoi, exactement, ce que vous ressentez, vous êtes en bonne compagnie!

Premièrement, ne paniquez pas.

Deuxièmement, respirez.

Et troisièmement, je vous recommande fortement de consulter un ouvrage décisif sur les émotions. Je commencerais par Monsieur Madame – Tu es triste. Merci, Hachette!